Rue de la République, petite histoire d’une grande artère
Comme Barcelone a ses Ramblas ou Paris les Champs-Elysées, Lyon possède une artère emblématique bordée de grandes enseignes commerciales, de lieux culturels, de cafés prestigieux et de beaux immeubles abritant les sièges de plusieurs sociétés et institutions locales. Depuis son percement, au milieu du 19ème siècle, la rue de la République incarne à la fois la douceur de vivre lyonnaise et quelques-unes des pages les plus marquantes de l’histoire de la ville. Les badauds qui déambulent en léchant les vitrines alignées sur 1500 mètres– on compte en moyenne 200 000 piétons le samedi après-midi- ignorent souvent que cet axe reliant la place des Terreaux à la place Bellecour a été le théâtre de l’assassinat du président Carnot, de l’une des premières projections cinématographiques des frères Lumière, ou encore de la célébration des funérailles nationales d’Edouard Herriot. Dans un passé plus récent, la rue de Ré, comme l’appellent familièrement des rhodaniens, a vu défiler les artistes de la biennale de la danse, les supporters de l’OL fêtant les titres du club, les manifestants politiques ou syndicaux de tous bords…
C’est en 1854 que débute la construction de cette grande artère destinée à irriguer la presqu’île, devenue le nouveau centre de gravité de l’agglomération lyonnaise. Après huit ans de gigantesques travaux de démolition et d’assainissement au cours desquels de nombreuses traboules et places insalubres seront mises à terre, la nouvelle voie est inaugurée en grande pompe par les autorités municipales et préfectorales. Elle prend le nom de rue Impériale et une société du même nom est créée pour de bâtir de part et d’autre de la chaussée des immeubles de style haussmannien. A l’époque, les lyonnais sont surpris par l’amplitude exceptionnelle de la rue. Large de 22 mètres, la rue Impériale s’impose, en effet, comme l’axe le plus majestueux du paysage urbain lyonnais. Au grès des convulsions politiques du 19ème siècle, la nouvelle artère change plusieurs fois de nom. Rebaptisée de Lyon au début de la IIIème République, elle devient la rue de la République en 1878.
Au cours du 20ème siècle, la voie percée sous le Second empire à fait l’objet de plusieurs aménagements et travaux de modernisation. Grâce à la construction de la ligne A du métro en 1970, la rue de la République est devenue piétonne sur quasiment toute sa longueur, l’éclairage a été repensé et le pavage restauré à plusieurs reprises.
Le dernier grand réaménagement de la rue de la Ré date de 1995, lorsque l’architecte urbaniste Alain Sarfati a habillé la chaussée de dalles noires devant les magasins et de dalles blanches au centre de la rue. Quelques arbres ont également été plantés. En nombre insuffisant déplorent certains lyonnais, tandis que dans les milieux architecturaux on loue l’option minérale choisie pour inscrire la Rue de la République dans la modernité.