Quand Les Brotteaux étaient une plaine humide et insalubre…
Abritant le parc de la Tête d’Or, le lycée du Parc, la Cité internationale, le siège d’Interpol, mais aussi de superbes immeubles haussmanniens et de nombreux commerces de qualité, le 6ème arrondissement de Lyon est incontestablement l’un des secteurs les plus prisés de la ville. C’est aussi un quartier chargé d’histoire dont les origines, qui se confondent avec celles de la plaine des Brotteaux, remontent au Moyen-Âge.
C’est en effet à l’époque médiévale que ce territoire alluvionnaire délimité par des champs cultivés et de vastes terrains vagues prend le nom de Broteaux. Ecrit avec un seul « t », le terme vient probablement du verbe brouter, en référence aux arbustes constituant la nourriture de base des chèvres et des moutons qui vivaient alors en liberté sur le site. Selon d’autres historiens, les Brotteaux auraient été baptisés ainsi, car ces terres à demi sauvages étaient d’anciennes îles apparues sur l’emplacement d’un « bras mort » du Rhône après l’un des multiples détournements du fleuve. Pendant des siècles, l’actuel 6ème arrondissement restera pratiquement inhabité en raison de son insalubrité et de son éloignement par rapport au cœur de la ville. Le premier aménagement des Brotteaux date de la fin du XVIIème siècle, lorsque les Hospices de Lyon et la municipalité reçoivent par legs ces terres inhospitalières. Les nouveaux propriétaires fonciers vont installer plusieurs bacs à traille pour rapprocher le site des Terreaux, devenus l’épicentre de la vie politique locale et percer de larges allées à travers les marécages. Avec la création de ces artères plantées de grands arbres et bordées de bassins (Allées des Soupirs, Grande allée, allée des Zéphirs…) le quartier change de visage. En quelques années, les Brotteaux deviennent un lieu de promenade et de détente pour les Lyonnais. L’urbanisation s’accélère à partir de 1774, lorsque est construit le Pont des Victoires et que sont lancés de grands travaux de confortement des berges du Rhône. Avec de telles infrastructures, la plaine peut désormais attirer les habitants ne pouvant se loger dans les quartiers surpeuplés de la ville historique. Un premier lotissement verra le jour, mais la Révolution vient brutalement interrompre cette nouvelle dynamique urbaine. En décembre 1793, plus de 200 lyonnais opposés à la Convention sont exécutés et jetés dans une fosse commune au cœur des Brotteaux, à l’endroit même où une chapelle a été édifiée pour leur rendre hommage à l’angle des rues de Créqui et Louis-Blanc.
Au lendemain de la Révolution, l’aménagement du quartier reprend petit à petit, mais les maisons se construisent de manière anarchique, au gré des acquisitions foncières et selon les modestes moyens des nouveaux arrivants. Il faudra attendre le Second Empire pour qu’un premier plan d’urbanisme soit lancé à l’échelle du quartier par le préfet Vaïsse. Ce dernier, qui entend profiter de la proximité du Parc de la Tête d’Or pour attirer une population plus fortunée, favorisera la construction de nombreux immeubles haussmanniens et de somptueuses villas. En 1867, le quartier a totalement changé de visage et devient un arrondissement à part entière de Lyon. Il connaît un réel essor économique au début du XXème siècle, lorsqu’est édifiée la gare des Brotteaux autour de laquelle viendront s’installer plusieurs ateliers artisanaux et semi-industriels. L’implantation d’autres équipements majeurs, tel que le lycée du Parc, parachève la mue de l’ancienne plaine immergée. D’importants travaux de réhabilitation du bâti ancien et une attractivité nouvelle issue de l’aménagement du quartier voisin de la Part-Dieu finiront par faire des Brotteaux l’un des arrondissements de Lyon les plus recherchés par les cadres et les familles souhaitant vivre dans un cadre à la fois paisible, verdoyant et animé.